Nuran, de péripéties en aventures
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Nuran, de péripéties en aventures
Nuran vit le jour dans le Désert de Cania, le soir du 11 apérirel 629. Ses parents, tous deux disciples d’Osamodas, aimaient la tranquillité de ces lieux, loin de l’agitation urbaine. Pour ses 4 ans, elle reçut son premier fouet, ce qui ne manqua pas de faire paniquer Chati, le chacha tigré qui occupait alors le petit gîte.
Les années passèrent.
Elle apprit à vivre au milieu des blops, créatures gélatineuses relativement peu dangereuses. Plus rapide qu’elles, la petite Osamodas n’hésitait pas à aller les titiller, puis reculer de quelques pas pour les voir se trémousser, rétrécir ou s’allonger en fonction de la zone de leur corps touchée. Mais lors de sa quinzième année, la région se transforma. Kanigroula revenait de voyage, escortée de tout un peuple méconnu jusque-là des habitants du continent d’Amakna : les kanigs. La région fut renommée les Dents de Pierre, et vit le village des kanigs se construire rapidement. Les blops fuirent vers le sud et l’ouest, et les quelques résidents durent s’habituer à leurs nouveaux voisins.
Nuran fut subjuguée par la Grande Matriarche qui avait amené ce peuple jusqu’au continent. Dresser, dompter, apprivoiser, voilà qui la passionnait ! Observant tout d’abord discrètement les kanigs, elle avait fini par se faire accepter par eux, et pouvait bientôt circuler librement sans une once d’hostilité. Ça n’avait rien à voir avec l’autorité que Kanigroula avait sur ces derniers ; la Matriarche n’aurait de toutes façons pas accepté qu’une autre qu’elle ait un quelconque pouvoir sur son peuple ; mais c’était déjà bien. Un jour, elle serait aussi forte qu’elle ! Un jour...
En attendant, elle apprenait l’art de l’invocation de créatures. Venant d’une famille d’Osamodas, il était peu probable qu’elle change de voie et se tourne vers une autre divinité... Quoique son oncle l’avait fait. Cette histoire revenait rarement dans les discussions. Il y a ceux qui aiment manier le fouet, et il y a ceux qui aiment recevoir les coups. Apparemment sa mère avait testé ses capacités sur son jeune frère bien trop souvent ! Ce dernier s’était, un peu plus tard, tourné naturellement vers la déesse Sacrieur. Il avait ensuite quitté le foyer pour ne jamais en revenir, Nuran n’ayant appris son existence que par les chuchotements de ses parents, le soir, quand ils pensaient qu’elle dormait.
Lorsqu’elle eut 16 ans révolus, ses parents l’envoyèrent à Bonta. « Tu dois rencontrer d’autres personnes, apprendre à vivre en ville, sinon tu n’iras jamais loin. » Curieuse, elle avait donc fait son baluchon, empoché la petite bourse que lui tendait sa mère ; « Ça ne durera pas longtemps, donc essaie de trouver un emploi rapidement pour t’en refaire » ; caressé Chati une ultime fois, et s’était mise en route vers l’ouest, déterminée à découvrir ce nouvel environnement. Passant non loin de la grotte de Kanigroula, elle prit le temps de rêver une dernière fois, avant de quitter définitivement le territoire des kanigs.
A son arrivée dans la cité blanche, la première chose qui la frappa fut le bruit, suivi aussitôt par le manque de repères. Disparus le sable fin et l’herbe verdoyante, les rochers sculptés et le plateau au loin qui surplombait tout son territoire natal. Dorénavant elle ne voyait plus que des maisons, des pavés, et autres échoppes un peu partout. Quelques minutes plus tard à vadrouiller dans les rues, il lui était déjà impossible de retrouver la sortie. Nuran se renseigna sur un potentiel logement, et s’installa à la taverne Alakarte. Celle-ci lui procurerait à la fois le gîte et le couvert, pour un temps du moins. Les jours suivants furent consacrés à la découverte de la cité, de ses habitudes, et de ses habitants. La bourse s’amincissant décidément plus vite qu’elle ne l’aurait pensé, Nuran procéda ensuite à la recherche de petits boulots par-ci par-là. Finalement, elle s’engagea dans la milice auprès d’Amayiro, lequel prit soin de lui faire faire toutes les basses besognes, mais qu’importe, Nuran s’adaptait rapidement à toute situation.
Bientôt, elle commença à être familière aux miliciens, et obtint des missions qui demandaient d’aller en dehors de la cité. C’est ainsi que commença son tour du monde. Lorsqu’elle avait du temps de libre, elle aimait lire les récits d’aventure à la bibliothèque, et en profitait pour étudier de plus près les différentes cartes du monde telles qu’elles étaient retranscrites par d’autres aventuriers. En revenant de mission, si la situation ne l’exigeait pas, elle prenait le temps de discuter avec les citoyens des différents royaumes qu’elle traversait, et proposait souvent un coup de main lorsqu’elle le pouvait. C’est ainsi qu’elle fit la rencontre de Kerubim Crépin, à Astrub, de Mériana, au milieu des marécages, ou encore d’Otomaï, au sommet de l’Arbre Hakam. De discussions en aventures, elle se mit en quête des dofus, et fit la rencontre de nombreux dragons.
Un beau matin, l’ordre tomba enfin. Elle devait entrer dans Brâkmar, la cité sombre, rivale de Bonta, pour une mission délicate. Excitée plus qu’effrayée, elle prépara ses bagages le soir même, essayant de ne prendre que les affaires nécessaires pour cette mission. La chambre de la taverne commençait à devenir petite au vu de tout ce qu’elle avait accumulé depuis son arrivée en ville. Tant pis, elle verrait plus tard. Après trois jours d’attente dans le recoin d’une ruelle de Brâkmar, l’un de ses tofus qui espionnaient différentes tavernes la mit sur la piste d’une discussion entre miliciens gradés. La soirée semblait avoir été bien arrosée et Nuran put facilement entendre des informations primordiales concernant les prochains plans de Brâkmar. Elle s’empressa de rentrer à Bonta faire son rapport à Amayiro, et obtint ainsi son premier niveau d’ordre.
Les missions s’enchaînèrent ensuite. C’est au cours de l’une d’entre elles, à l’automne 645, qu’elle croisa Piyanoshiz, disciple de Feca, et brâkmarien dans l’âme. Vêtu d’un haut rouge, il discutait avec un milicien, d’une voix forte et assurée, et s’esclaffait parfois. A son passage, qu’elle aurait voulu un peu plus furtif, il l’avait regardée intensément, presque méfiant, avant de retourner à sa discussion première. Son regard écarlate resta gravé longtemps dans l’esprit de Nuran, jusqu’au jour où elle le recroisa par hasard en territoire neutre, sans avoir caché son appartenance à la milice bontarienne cette fois-ci. Il dût la reconnaître, car après une rapide inspection de son uniforme, il s’avança droit sur elle. Sentant la panique la gagner, elle commença à reculer, en vain puisqu’il se téléporta juste devant elle et lui attrapa le bras.
« Une bontarienne, hein ! Quel dommage » lui chuchota-il alors dans l’oreille. Ne sachant quoi faire, elle ne put qu’acquiescer d’un petit mouvement de tête. « Viens. »
De ce que Nuran savait, être capturée signifiait pour elle la prison, voire pire. Elle avait été vue dans Brâkmar, elle serait peut-être torturée à mort pour les informations qu’elle détenait. Mais après quelques dizaines de minutes de marche le feca s’arrêta. Ils étaient arrivés dans un recoin du paysage, là où personne ne pouvait les apercevoir depuis la route. Le brâkmarien desserra sa main et Nuran put se libérer. Son premier réflexe fut d’invoquer l’une de ses créatures, un craqueleur qui devrait réussir à distraire le feca le temps qu’elle puisse fuir ! En attendant, le brâkmarien s’était éloigné de quelques pas et fronçait les sourcils. Sentant qu’il ne pourrait la retenir, il paralysa instinctivement leurs jambes à l’aide d’un glyphe. Le craqueleur ne pouvant plus bouger, il devenait inutile de le laisser ici plus longtemps, et risquer qu’il se fasse blesser pour rien. A contrecœur, Nuran le renvoya d’un geste. Sa mère lui avait expliqué après une expérience malencontreuse qu’il ne fallait pas abuser de l’ascendant qu’un osamodas a sur ses invocations, sous peine de perdre le lien qui les unissait. Elle s’était alors promise de ne plus jamais totalement imposer sa volonté tant que sa vie n’était pas directement menacée.
« Je devrais te demander ce que tu fabriquais à Brâkmar, mais il est évident que tu ne me répondrais pas. Donc ! Comment t’appelles-tu ? »
Surprise, Nuran répondit d’une voie faible. Elle ne s’attendait pas à ça. Les légendes à propos de Brâkmar étaient-elles exagérées ?
« Nuran… C’est un joli nom. Je pourrais te ramener à Brâkmar immédiatement, Oto Mustam en serait ravi. » Un frisson parcourut son échine. « Pour te laisser venir à la cité sombre, Amayiro doit avoir une grande estime de toi. J’aurais droit à une promotion, c’est sûr ! » Les yeux du brâkmarien semblèrent luire à la lumière du crépuscule. « Moi, c’est Piyanoshiz. Tu peux m’appeler Piya. ». Devant le mutisme de la prisonnière, il ajouta : « Tant pis pour la promotion je trouverais quelqu’un d’autre. Tu me plais, j’espère qu’on se recroisera. Je dois y aller, mon supérieur n’apprécie pas que je sois en retard. »
Le glyphe qui tremblotait depuis quelques secondes finit par disparaitre complètement. Nuran en perdit presque l’équilibre. Toujours silencieuse, les joues empourprées, elle regarda le brâkmarien disparaître derrière les arbres qui les séparaient de la route. Désemparée, elle reprit sa route vers Bonta quelques minutes plus tard. Ce soir, elle dormirait à la belle étoile, loin de toute civilisation. Il fallait qu’elle se reprenne. « Tu peux m’appeler Piya » « Tu me plais ». Ces mots ne cessaient de résonner en elle.
Plusieurs semaines passèrent suite à cette rencontre et inévitablement, un matin, elle retomba sur le Feca. Il ne lui laissa aucune chance de s’en tirer : ils discutèrent, se revirent encore et encore, et finirent par s’avouer leurs sentiments l’un envers l’autre.
Ils décidèrent de se marier discrètement, et continuèrent leurs activités dans leurs cités respectives. Pour éviter que l’on découvre leur union, Nuran proposa d’aller vivre à l’écart des villes. Elle suggéra naturellement de retourner aux Dents de Pierre, ce qui convint à Piya. Le gîte où Nuran avait passé son enfance était désert lorsqu’ils arrivèrent. Il n’avait pas été vendu, mais rien ne montrait la présence de ses parents depuis un bon moment. Une couche de poussière s’était même doucement déposée sur la table. En fouillant le coffre, elle retrouva le premier petit fouet qu’elle avait eu, rien qu’un jouet au final, en comparaison avec ce qu’elle avait l’habitude de manier à présent. Elle sourit. Tant de souvenirs remontaient à la surface ! Elle reprit ses esprits quand Piya lui tendit une note trouvée sur la table. Il était écrit que ses parents étaient partis en voyage pour un tour du monde. Le tour du monde... Ils n’étaient pas près de rentrer.
Le temps passa. Les missions demandaient parfois à l’un ou à l’autre de s’absenter quelques jours, mais jamais plus d’une semaine. Tout allait bien. Anatak Diskedor, un renégat qui avait trouvé refuge lui aussi dans ces contrées lointaines, avait une ou deux fois essayé de semer la zizanie, mais il était toujours reparti bredouille. La conséquence de sa présence était plus compliquée à gérer : les chasseurs de hors-la-loi, à la recherche du Foudrefoux, furetaient régulièrement autour des habitations, et Nuran et Piya devaient redoubler de discrétion pour que leur amour ne soit pas découvert.
Cependant tout a une fin, et un jour, Piya ne rentra pas de son voyage. Nuran l’attendit, d’abord inquiète, puis finalement résignée. Piya avait obtenu une importante promotion, mais devait en conséquence s’occuper de missions plus longues, et surtout plus périlleuses. Dans les rapports de la milice de Bonta, rien n’indiquait qu’il avait été capturé ou tué dans une échauffourée. Elle espérait qu’il n’ait pas été emprisonné voire tué par sa propre milice à cause d’elle. Mais là aussi, les espions bontariens n’en avaient rien rapporté. S’il avait perdu la vie, c’était donc contre une créature. Difficile de savoir, il n’avait pas donné les détails de sa mission avant de partir, Nuran savait juste qu’il avait eu besoin de se rendre sur l’île de Frigost. Mais après plusieurs semaines à fouiller l’île de part en part dès que son emploi du temps le permettait, elle n’avait trouvé aucune trace, piste, ou même rumeur à propos de son mari.
Les mois suivants se firent plus monotones. Délaissant à nouveau le gîte, Nuran finit par s’établir au sud du continent, non loin de Sufokia. Les plages du rivage sufokien lui rappelaient celles des Dents de Pierre, et elle aimait y passer un peu de temps quand elle en avait l’occasion. De temps en temps, elle croisait des connaissances, qu’elle avait eu l’occasion d’aider. Parfois, elle apercevait des Steamers, ces as du bricolage. Elle avait été bluffée une fois lorsqu’une démonstration à Sufokia avait montré l’un de ces disciples d’Oktapodas fabriquant une tourelle fonctionnelle en un claquement de doigts ! Un Steamer revenait d’ailleurs souvent dans le même coin de plage qu’elle. Il s’asseyait au bord du même rocher, et se perdait dans ses pensées, du moins c’était ce qu’elle imaginait de lui. A force de le croiser, elle eut envie de faire connaissance. Il s’appelait Hauruu, et semblait apprécier cette plage tout autant que Nuran. C'est après des soirées passées à discuter avec un cocktail sur le bord de mer qu'ils finirent par se rapprocher et décidèrent de partir vivre des aventures héroïques ensemble. L’une d’elle fut de demander une audience à la mystérieuse Anérice qui venait de s’installer dans les landes de Sidimote. La partie n’était pas gagnée mais Hauruu parvint miraculeusement à gérer les négociations et les deux comparses purent ainsi profiter tout un week-end de son manoir ! Frissons garantis !
Nuran fut séduite à nouveau, tant par la nonchalance que le sens de la stratégie et du devoir du Steamer. Elle n’oubliait pas Piya, mais l’espoir qu’il réapparaisse l’avait quitté, et à présent elle préférait se tourner vers le futur et avancer. Un jour qu’ils se retrouvaient à nouveau sur leur plage, elle prit son courage à deux mains et lui avoua son attirance. Il ne restait qu’un détail à régler : le divorce de son premier mariage fut fait dans la foulée, et ils purent se marier peu de temps après. Quel bonheur de ne pas avoir à le cacher ! Pouvoir sortir de chez eux sans le risque qu’on les reconnaisse, prendre du temps avec leurs amis ! Gardant la maison familiale, ils décidèrent néanmoins d’habiter au village côtier de l’Île d’Otomaï. Hauruu finit par s’engager auprès de la milice bontarienne, et ensemble ils purent continuer de servir la cité blanche. Leurs péripéties les amenèrent souvent aux alentours du lac de Cania, où ils firent connaissance et apprécièrent la compagnie d’amis rencontrés au fil du temps.
De péripéties en aventures, Nuran finit par visiter toutes les contrées connues, et encore aujourd’hui n’hésite pas à sauter sur l’occasion dès qu’une rumeur d’une nouvelle découverte arrive à ses oreilles.
*****
Ce n'est pas la fin, mais pour l'instant ça suffira.
Pour conclure cet article, voici le récit de ma rencontre, et de mes premiers pas, avec le clan de Lyre Ehel.
*****
Allant souvent à Astrub, Nuran repéra un jour quelques affiches sur lesquelles était noté un recrutement d’aventuriers pour aider à désamorcer une catastrophe imminente et un rendez-vous. Intriguée, Nuran y alla. Elle ne le regretta pas. Attentive dorénavant à ce type d’annonces, elle participa à d’autres aventures, croisant souvent les mêmes individus d’ailleurs. Elle remarqua la présence fréquente d’un autre steamer, nommé Soute-a-bagage. Elle amena Hauruu de temps en temps, lorsqu’il le pouvait.
Finalement un nom commença à devenir familier, le clan de Lyre Ehel. D’autres suivirent rapidement : Shariva, ses favoris, Lhambadda... En se renseignant, elle comprit que tout était lié. Ces derniers temps, les royaumes étaient devenus paisibles, un peu trop au goût de certains. Shariva, une déesse jusqu’alors inconnue de la disciple Osamodas, avait pour objectif de propager le tumulte dans le monde des Douze. Pour cela, elle avait à sa disposition ses favoris, qui n’hésitaient pas à utiliser leurs pouvoirs qu’elle leur accordait pour enclencher une catastrophe ou tout autre idée farfelue qui leur traversait la tête, et voir comment les douziens s’en sortaient. Quant au clan, il était également là pour servir, en grande partie, la déesse du tumulte. Le clan de Lyre Ehel avait décidé de le propager via le spectacle qui réveillait tour à tour chaque partie du monde. « Jouer un rôle pour propager le tumulte, en voilà une idée intéressante ! » C’est ce que Nuran s’était dit, avant de se souvenir de son manque d’aisance avec les concitoyens. Elle continua à participer à ces représentations jusqu’au jour où, après avoir sauvé Astrub d’une épidémie, le clan de Lyre Ehel fit savoir qu’ils recherchaient de nouveaux membres. Ce jour-là elle sauta le pas et se présenta devant l’animateur, qui lui donna les informations requises pour postuler. Le lendemain, elle remplissait le formulaire et le déposait dans la boite aux lettres de la maison du clan. Tout s’enchaîna très vite ensuite : son inscription avait été acceptée et un entretien serait fait bientôt. En attendant, un carton entier d’informations diverses concernant le clan et ses membres lui avait été envoyé.
Le soir fatidique arriva, et elle se présenta devant le manoir Lhambadda, anxieuse. Elle fut accueillie par Serf-Vant, le majordome du clan semblerait-il, qui lui annonça qu’elle devrait attendre, que les autres n’étaient pas encore arrivés. Il la fit entrer dans le hall et commença à épousseter le comptoir. Quelques minutes plus tard, un Steamer entra tout essoufflé. Il s’excusa d’être en retard et demanda un peu plus de patience, car d’autres membres devaient arriver. C’était Soute ! Un peu rassurée par la présence de quelqu’un de connu, elle blêmit légèrement quand il lui annonça qu’elle n’avait rien à craindre de l’entretien, même s’il y avait souvent un mort dans ces entrevues… Quelque temps plus tard, ne voyant toujours personne franchir la porte du manoir, Soute décida de commencer. Il lui posa diverses questions, tout en lui faisant visiter, salle par salle, le manoir. Quand ils arrivèrent à la bibliothèque, Nuran en fut émerveillée. Elle était au moins aussi grande que celle de Bonta ! La déambulation continua par la salle de spectacle, salle emblématique du clan, puis Soute emmena Nuran dans une dernière petite salle, où trônait une effigie de Shariva. Cependant, ils n’étaient plus seuls.
Dans un coin, un individu dormait d’un sommeil agité, se retournant et balançant les bras comme s’il se battait. Puis plus rien, il était de nouveau inerte. Comme ce n’était pas une salle de repos, il était préférable de le réveiller, et la méthode douce consistant à le secouer n’était absolument pas efficace. Un tonneau traînait au fond de la pièce. Nuran sortit une fiole de sa poche et alla la remplir, pour ensuite la vider sur la figure du dormeur. L’effet fut immédiat : l’Enutrof se réveilla en sursaut et de forte méchante humeur. Soute hurla un grand « C’est elle ! » en pointant le doigt dans la direction de Nuran. Cependant le disciple d’Enutrof ne le remarqua pas, étant complètement déboussolé. A sa question concernant l’eau qui l’avait trempé, Soute se ravisa et déclara alors qu’une fiole était tombée du carton situé juste derrière sa tête, regardant Nuran pour un peu de soutien. Celle-ci affirma alors qu’elle était tombée lorsque Soute avait ouvert la porte pour la suite de la visite du manoir, à cause sans doute du courant d’air soudain. Acceptant cette explication, ils passèrent aux présentations. Il s’appelait Eythann, était membre du clan également, et aurait dû participer à l’entretien qu’il avait... oublié. Soute lui expliqua qu’ils avaient presque terminé, et qu’il ne restait que cette pièce, et le lieu mystique. En entendant ce nom, Eythann commença à paniquer. « Non, je ne veux pas y aller ! » Il finit par se laisser convaincre et Soute le fit passer devant en désignant un livre posé à côté de l’effigie. En l’ouvrant, Eythann disparut. Invitée à le suivre, Nuran s’exécuta et se retrouva d’un coup sur une plage inconnue. « Nous voici dans le rêve éveillé de Shariva, c’est ici que les favoris se rejoignent. » Eythann mit Nuran en garde. « Ce lieu semble calme mais c’est l’endroit le plus dangereux qui existe. Il vaut mieux ne pas y rester longtemps, si tu tiens à la vie. » Soute entendit les remontrances d’Eythann au sujet du lieu. Tous trois en sortirent et se retrouvèrent bientôt de nouveau dans la petite salle. L’entretien était terminé, et Soute annonça fièrement à Nuran :
« Nous avons le plaisir de t'accueillir au sein du Clan de Lyre Ehel en tant que Néophyte ! Félicitations ! Que le Tumulte soit et que Shariva rie. »
Les années passèrent.
Elle apprit à vivre au milieu des blops, créatures gélatineuses relativement peu dangereuses. Plus rapide qu’elles, la petite Osamodas n’hésitait pas à aller les titiller, puis reculer de quelques pas pour les voir se trémousser, rétrécir ou s’allonger en fonction de la zone de leur corps touchée. Mais lors de sa quinzième année, la région se transforma. Kanigroula revenait de voyage, escortée de tout un peuple méconnu jusque-là des habitants du continent d’Amakna : les kanigs. La région fut renommée les Dents de Pierre, et vit le village des kanigs se construire rapidement. Les blops fuirent vers le sud et l’ouest, et les quelques résidents durent s’habituer à leurs nouveaux voisins.
Nuran fut subjuguée par la Grande Matriarche qui avait amené ce peuple jusqu’au continent. Dresser, dompter, apprivoiser, voilà qui la passionnait ! Observant tout d’abord discrètement les kanigs, elle avait fini par se faire accepter par eux, et pouvait bientôt circuler librement sans une once d’hostilité. Ça n’avait rien à voir avec l’autorité que Kanigroula avait sur ces derniers ; la Matriarche n’aurait de toutes façons pas accepté qu’une autre qu’elle ait un quelconque pouvoir sur son peuple ; mais c’était déjà bien. Un jour, elle serait aussi forte qu’elle ! Un jour...
En attendant, elle apprenait l’art de l’invocation de créatures. Venant d’une famille d’Osamodas, il était peu probable qu’elle change de voie et se tourne vers une autre divinité... Quoique son oncle l’avait fait. Cette histoire revenait rarement dans les discussions. Il y a ceux qui aiment manier le fouet, et il y a ceux qui aiment recevoir les coups. Apparemment sa mère avait testé ses capacités sur son jeune frère bien trop souvent ! Ce dernier s’était, un peu plus tard, tourné naturellement vers la déesse Sacrieur. Il avait ensuite quitté le foyer pour ne jamais en revenir, Nuran n’ayant appris son existence que par les chuchotements de ses parents, le soir, quand ils pensaient qu’elle dormait.
Lorsqu’elle eut 16 ans révolus, ses parents l’envoyèrent à Bonta. « Tu dois rencontrer d’autres personnes, apprendre à vivre en ville, sinon tu n’iras jamais loin. » Curieuse, elle avait donc fait son baluchon, empoché la petite bourse que lui tendait sa mère ; « Ça ne durera pas longtemps, donc essaie de trouver un emploi rapidement pour t’en refaire » ; caressé Chati une ultime fois, et s’était mise en route vers l’ouest, déterminée à découvrir ce nouvel environnement. Passant non loin de la grotte de Kanigroula, elle prit le temps de rêver une dernière fois, avant de quitter définitivement le territoire des kanigs.
A son arrivée dans la cité blanche, la première chose qui la frappa fut le bruit, suivi aussitôt par le manque de repères. Disparus le sable fin et l’herbe verdoyante, les rochers sculptés et le plateau au loin qui surplombait tout son territoire natal. Dorénavant elle ne voyait plus que des maisons, des pavés, et autres échoppes un peu partout. Quelques minutes plus tard à vadrouiller dans les rues, il lui était déjà impossible de retrouver la sortie. Nuran se renseigna sur un potentiel logement, et s’installa à la taverne Alakarte. Celle-ci lui procurerait à la fois le gîte et le couvert, pour un temps du moins. Les jours suivants furent consacrés à la découverte de la cité, de ses habitudes, et de ses habitants. La bourse s’amincissant décidément plus vite qu’elle ne l’aurait pensé, Nuran procéda ensuite à la recherche de petits boulots par-ci par-là. Finalement, elle s’engagea dans la milice auprès d’Amayiro, lequel prit soin de lui faire faire toutes les basses besognes, mais qu’importe, Nuran s’adaptait rapidement à toute situation.
Bientôt, elle commença à être familière aux miliciens, et obtint des missions qui demandaient d’aller en dehors de la cité. C’est ainsi que commença son tour du monde. Lorsqu’elle avait du temps de libre, elle aimait lire les récits d’aventure à la bibliothèque, et en profitait pour étudier de plus près les différentes cartes du monde telles qu’elles étaient retranscrites par d’autres aventuriers. En revenant de mission, si la situation ne l’exigeait pas, elle prenait le temps de discuter avec les citoyens des différents royaumes qu’elle traversait, et proposait souvent un coup de main lorsqu’elle le pouvait. C’est ainsi qu’elle fit la rencontre de Kerubim Crépin, à Astrub, de Mériana, au milieu des marécages, ou encore d’Otomaï, au sommet de l’Arbre Hakam. De discussions en aventures, elle se mit en quête des dofus, et fit la rencontre de nombreux dragons.
Un beau matin, l’ordre tomba enfin. Elle devait entrer dans Brâkmar, la cité sombre, rivale de Bonta, pour une mission délicate. Excitée plus qu’effrayée, elle prépara ses bagages le soir même, essayant de ne prendre que les affaires nécessaires pour cette mission. La chambre de la taverne commençait à devenir petite au vu de tout ce qu’elle avait accumulé depuis son arrivée en ville. Tant pis, elle verrait plus tard. Après trois jours d’attente dans le recoin d’une ruelle de Brâkmar, l’un de ses tofus qui espionnaient différentes tavernes la mit sur la piste d’une discussion entre miliciens gradés. La soirée semblait avoir été bien arrosée et Nuran put facilement entendre des informations primordiales concernant les prochains plans de Brâkmar. Elle s’empressa de rentrer à Bonta faire son rapport à Amayiro, et obtint ainsi son premier niveau d’ordre.
Les missions s’enchaînèrent ensuite. C’est au cours de l’une d’entre elles, à l’automne 645, qu’elle croisa Piyanoshiz, disciple de Feca, et brâkmarien dans l’âme. Vêtu d’un haut rouge, il discutait avec un milicien, d’une voix forte et assurée, et s’esclaffait parfois. A son passage, qu’elle aurait voulu un peu plus furtif, il l’avait regardée intensément, presque méfiant, avant de retourner à sa discussion première. Son regard écarlate resta gravé longtemps dans l’esprit de Nuran, jusqu’au jour où elle le recroisa par hasard en territoire neutre, sans avoir caché son appartenance à la milice bontarienne cette fois-ci. Il dût la reconnaître, car après une rapide inspection de son uniforme, il s’avança droit sur elle. Sentant la panique la gagner, elle commença à reculer, en vain puisqu’il se téléporta juste devant elle et lui attrapa le bras.
« Une bontarienne, hein ! Quel dommage » lui chuchota-il alors dans l’oreille. Ne sachant quoi faire, elle ne put qu’acquiescer d’un petit mouvement de tête. « Viens. »
De ce que Nuran savait, être capturée signifiait pour elle la prison, voire pire. Elle avait été vue dans Brâkmar, elle serait peut-être torturée à mort pour les informations qu’elle détenait. Mais après quelques dizaines de minutes de marche le feca s’arrêta. Ils étaient arrivés dans un recoin du paysage, là où personne ne pouvait les apercevoir depuis la route. Le brâkmarien desserra sa main et Nuran put se libérer. Son premier réflexe fut d’invoquer l’une de ses créatures, un craqueleur qui devrait réussir à distraire le feca le temps qu’elle puisse fuir ! En attendant, le brâkmarien s’était éloigné de quelques pas et fronçait les sourcils. Sentant qu’il ne pourrait la retenir, il paralysa instinctivement leurs jambes à l’aide d’un glyphe. Le craqueleur ne pouvant plus bouger, il devenait inutile de le laisser ici plus longtemps, et risquer qu’il se fasse blesser pour rien. A contrecœur, Nuran le renvoya d’un geste. Sa mère lui avait expliqué après une expérience malencontreuse qu’il ne fallait pas abuser de l’ascendant qu’un osamodas a sur ses invocations, sous peine de perdre le lien qui les unissait. Elle s’était alors promise de ne plus jamais totalement imposer sa volonté tant que sa vie n’était pas directement menacée.
« Je devrais te demander ce que tu fabriquais à Brâkmar, mais il est évident que tu ne me répondrais pas. Donc ! Comment t’appelles-tu ? »
Surprise, Nuran répondit d’une voie faible. Elle ne s’attendait pas à ça. Les légendes à propos de Brâkmar étaient-elles exagérées ?
« Nuran… C’est un joli nom. Je pourrais te ramener à Brâkmar immédiatement, Oto Mustam en serait ravi. » Un frisson parcourut son échine. « Pour te laisser venir à la cité sombre, Amayiro doit avoir une grande estime de toi. J’aurais droit à une promotion, c’est sûr ! » Les yeux du brâkmarien semblèrent luire à la lumière du crépuscule. « Moi, c’est Piyanoshiz. Tu peux m’appeler Piya. ». Devant le mutisme de la prisonnière, il ajouta : « Tant pis pour la promotion je trouverais quelqu’un d’autre. Tu me plais, j’espère qu’on se recroisera. Je dois y aller, mon supérieur n’apprécie pas que je sois en retard. »
Le glyphe qui tremblotait depuis quelques secondes finit par disparaitre complètement. Nuran en perdit presque l’équilibre. Toujours silencieuse, les joues empourprées, elle regarda le brâkmarien disparaître derrière les arbres qui les séparaient de la route. Désemparée, elle reprit sa route vers Bonta quelques minutes plus tard. Ce soir, elle dormirait à la belle étoile, loin de toute civilisation. Il fallait qu’elle se reprenne. « Tu peux m’appeler Piya » « Tu me plais ». Ces mots ne cessaient de résonner en elle.
Plusieurs semaines passèrent suite à cette rencontre et inévitablement, un matin, elle retomba sur le Feca. Il ne lui laissa aucune chance de s’en tirer : ils discutèrent, se revirent encore et encore, et finirent par s’avouer leurs sentiments l’un envers l’autre.
Ils décidèrent de se marier discrètement, et continuèrent leurs activités dans leurs cités respectives. Pour éviter que l’on découvre leur union, Nuran proposa d’aller vivre à l’écart des villes. Elle suggéra naturellement de retourner aux Dents de Pierre, ce qui convint à Piya. Le gîte où Nuran avait passé son enfance était désert lorsqu’ils arrivèrent. Il n’avait pas été vendu, mais rien ne montrait la présence de ses parents depuis un bon moment. Une couche de poussière s’était même doucement déposée sur la table. En fouillant le coffre, elle retrouva le premier petit fouet qu’elle avait eu, rien qu’un jouet au final, en comparaison avec ce qu’elle avait l’habitude de manier à présent. Elle sourit. Tant de souvenirs remontaient à la surface ! Elle reprit ses esprits quand Piya lui tendit une note trouvée sur la table. Il était écrit que ses parents étaient partis en voyage pour un tour du monde. Le tour du monde... Ils n’étaient pas près de rentrer.
Le temps passa. Les missions demandaient parfois à l’un ou à l’autre de s’absenter quelques jours, mais jamais plus d’une semaine. Tout allait bien. Anatak Diskedor, un renégat qui avait trouvé refuge lui aussi dans ces contrées lointaines, avait une ou deux fois essayé de semer la zizanie, mais il était toujours reparti bredouille. La conséquence de sa présence était plus compliquée à gérer : les chasseurs de hors-la-loi, à la recherche du Foudrefoux, furetaient régulièrement autour des habitations, et Nuran et Piya devaient redoubler de discrétion pour que leur amour ne soit pas découvert.
Cependant tout a une fin, et un jour, Piya ne rentra pas de son voyage. Nuran l’attendit, d’abord inquiète, puis finalement résignée. Piya avait obtenu une importante promotion, mais devait en conséquence s’occuper de missions plus longues, et surtout plus périlleuses. Dans les rapports de la milice de Bonta, rien n’indiquait qu’il avait été capturé ou tué dans une échauffourée. Elle espérait qu’il n’ait pas été emprisonné voire tué par sa propre milice à cause d’elle. Mais là aussi, les espions bontariens n’en avaient rien rapporté. S’il avait perdu la vie, c’était donc contre une créature. Difficile de savoir, il n’avait pas donné les détails de sa mission avant de partir, Nuran savait juste qu’il avait eu besoin de se rendre sur l’île de Frigost. Mais après plusieurs semaines à fouiller l’île de part en part dès que son emploi du temps le permettait, elle n’avait trouvé aucune trace, piste, ou même rumeur à propos de son mari.
Les mois suivants se firent plus monotones. Délaissant à nouveau le gîte, Nuran finit par s’établir au sud du continent, non loin de Sufokia. Les plages du rivage sufokien lui rappelaient celles des Dents de Pierre, et elle aimait y passer un peu de temps quand elle en avait l’occasion. De temps en temps, elle croisait des connaissances, qu’elle avait eu l’occasion d’aider. Parfois, elle apercevait des Steamers, ces as du bricolage. Elle avait été bluffée une fois lorsqu’une démonstration à Sufokia avait montré l’un de ces disciples d’Oktapodas fabriquant une tourelle fonctionnelle en un claquement de doigts ! Un Steamer revenait d’ailleurs souvent dans le même coin de plage qu’elle. Il s’asseyait au bord du même rocher, et se perdait dans ses pensées, du moins c’était ce qu’elle imaginait de lui. A force de le croiser, elle eut envie de faire connaissance. Il s’appelait Hauruu, et semblait apprécier cette plage tout autant que Nuran. C'est après des soirées passées à discuter avec un cocktail sur le bord de mer qu'ils finirent par se rapprocher et décidèrent de partir vivre des aventures héroïques ensemble. L’une d’elle fut de demander une audience à la mystérieuse Anérice qui venait de s’installer dans les landes de Sidimote. La partie n’était pas gagnée mais Hauruu parvint miraculeusement à gérer les négociations et les deux comparses purent ainsi profiter tout un week-end de son manoir ! Frissons garantis !
Nuran fut séduite à nouveau, tant par la nonchalance que le sens de la stratégie et du devoir du Steamer. Elle n’oubliait pas Piya, mais l’espoir qu’il réapparaisse l’avait quitté, et à présent elle préférait se tourner vers le futur et avancer. Un jour qu’ils se retrouvaient à nouveau sur leur plage, elle prit son courage à deux mains et lui avoua son attirance. Il ne restait qu’un détail à régler : le divorce de son premier mariage fut fait dans la foulée, et ils purent se marier peu de temps après. Quel bonheur de ne pas avoir à le cacher ! Pouvoir sortir de chez eux sans le risque qu’on les reconnaisse, prendre du temps avec leurs amis ! Gardant la maison familiale, ils décidèrent néanmoins d’habiter au village côtier de l’Île d’Otomaï. Hauruu finit par s’engager auprès de la milice bontarienne, et ensemble ils purent continuer de servir la cité blanche. Leurs péripéties les amenèrent souvent aux alentours du lac de Cania, où ils firent connaissance et apprécièrent la compagnie d’amis rencontrés au fil du temps.
De péripéties en aventures, Nuran finit par visiter toutes les contrées connues, et encore aujourd’hui n’hésite pas à sauter sur l’occasion dès qu’une rumeur d’une nouvelle découverte arrive à ses oreilles.
*****
Ce n'est pas la fin, mais pour l'instant ça suffira.
Pour conclure cet article, voici le récit de ma rencontre, et de mes premiers pas, avec le clan de Lyre Ehel.
*****
Allant souvent à Astrub, Nuran repéra un jour quelques affiches sur lesquelles était noté un recrutement d’aventuriers pour aider à désamorcer une catastrophe imminente et un rendez-vous. Intriguée, Nuran y alla. Elle ne le regretta pas. Attentive dorénavant à ce type d’annonces, elle participa à d’autres aventures, croisant souvent les mêmes individus d’ailleurs. Elle remarqua la présence fréquente d’un autre steamer, nommé Soute-a-bagage. Elle amena Hauruu de temps en temps, lorsqu’il le pouvait.
Finalement un nom commença à devenir familier, le clan de Lyre Ehel. D’autres suivirent rapidement : Shariva, ses favoris, Lhambadda... En se renseignant, elle comprit que tout était lié. Ces derniers temps, les royaumes étaient devenus paisibles, un peu trop au goût de certains. Shariva, une déesse jusqu’alors inconnue de la disciple Osamodas, avait pour objectif de propager le tumulte dans le monde des Douze. Pour cela, elle avait à sa disposition ses favoris, qui n’hésitaient pas à utiliser leurs pouvoirs qu’elle leur accordait pour enclencher une catastrophe ou tout autre idée farfelue qui leur traversait la tête, et voir comment les douziens s’en sortaient. Quant au clan, il était également là pour servir, en grande partie, la déesse du tumulte. Le clan de Lyre Ehel avait décidé de le propager via le spectacle qui réveillait tour à tour chaque partie du monde. « Jouer un rôle pour propager le tumulte, en voilà une idée intéressante ! » C’est ce que Nuran s’était dit, avant de se souvenir de son manque d’aisance avec les concitoyens. Elle continua à participer à ces représentations jusqu’au jour où, après avoir sauvé Astrub d’une épidémie, le clan de Lyre Ehel fit savoir qu’ils recherchaient de nouveaux membres. Ce jour-là elle sauta le pas et se présenta devant l’animateur, qui lui donna les informations requises pour postuler. Le lendemain, elle remplissait le formulaire et le déposait dans la boite aux lettres de la maison du clan. Tout s’enchaîna très vite ensuite : son inscription avait été acceptée et un entretien serait fait bientôt. En attendant, un carton entier d’informations diverses concernant le clan et ses membres lui avait été envoyé.
Le soir fatidique arriva, et elle se présenta devant le manoir Lhambadda, anxieuse. Elle fut accueillie par Serf-Vant, le majordome du clan semblerait-il, qui lui annonça qu’elle devrait attendre, que les autres n’étaient pas encore arrivés. Il la fit entrer dans le hall et commença à épousseter le comptoir. Quelques minutes plus tard, un Steamer entra tout essoufflé. Il s’excusa d’être en retard et demanda un peu plus de patience, car d’autres membres devaient arriver. C’était Soute ! Un peu rassurée par la présence de quelqu’un de connu, elle blêmit légèrement quand il lui annonça qu’elle n’avait rien à craindre de l’entretien, même s’il y avait souvent un mort dans ces entrevues… Quelque temps plus tard, ne voyant toujours personne franchir la porte du manoir, Soute décida de commencer. Il lui posa diverses questions, tout en lui faisant visiter, salle par salle, le manoir. Quand ils arrivèrent à la bibliothèque, Nuran en fut émerveillée. Elle était au moins aussi grande que celle de Bonta ! La déambulation continua par la salle de spectacle, salle emblématique du clan, puis Soute emmena Nuran dans une dernière petite salle, où trônait une effigie de Shariva. Cependant, ils n’étaient plus seuls.
Dans un coin, un individu dormait d’un sommeil agité, se retournant et balançant les bras comme s’il se battait. Puis plus rien, il était de nouveau inerte. Comme ce n’était pas une salle de repos, il était préférable de le réveiller, et la méthode douce consistant à le secouer n’était absolument pas efficace. Un tonneau traînait au fond de la pièce. Nuran sortit une fiole de sa poche et alla la remplir, pour ensuite la vider sur la figure du dormeur. L’effet fut immédiat : l’Enutrof se réveilla en sursaut et de forte méchante humeur. Soute hurla un grand « C’est elle ! » en pointant le doigt dans la direction de Nuran. Cependant le disciple d’Enutrof ne le remarqua pas, étant complètement déboussolé. A sa question concernant l’eau qui l’avait trempé, Soute se ravisa et déclara alors qu’une fiole était tombée du carton situé juste derrière sa tête, regardant Nuran pour un peu de soutien. Celle-ci affirma alors qu’elle était tombée lorsque Soute avait ouvert la porte pour la suite de la visite du manoir, à cause sans doute du courant d’air soudain. Acceptant cette explication, ils passèrent aux présentations. Il s’appelait Eythann, était membre du clan également, et aurait dû participer à l’entretien qu’il avait... oublié. Soute lui expliqua qu’ils avaient presque terminé, et qu’il ne restait que cette pièce, et le lieu mystique. En entendant ce nom, Eythann commença à paniquer. « Non, je ne veux pas y aller ! » Il finit par se laisser convaincre et Soute le fit passer devant en désignant un livre posé à côté de l’effigie. En l’ouvrant, Eythann disparut. Invitée à le suivre, Nuran s’exécuta et se retrouva d’un coup sur une plage inconnue. « Nous voici dans le rêve éveillé de Shariva, c’est ici que les favoris se rejoignent. » Eythann mit Nuran en garde. « Ce lieu semble calme mais c’est l’endroit le plus dangereux qui existe. Il vaut mieux ne pas y rester longtemps, si tu tiens à la vie. » Soute entendit les remontrances d’Eythann au sujet du lieu. Tous trois en sortirent et se retrouvèrent bientôt de nouveau dans la petite salle. L’entretien était terminé, et Soute annonça fièrement à Nuran :
« Nous avons le plaisir de t'accueillir au sein du Clan de Lyre Ehel en tant que Néophyte ! Félicitations ! Que le Tumulte soit et que Shariva rie. »
Nuran- Divinité : Osamodas
Cercle de puissance : 200
Messages : 4
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